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Accident

Cigarette. Livre. Amour. Accident. Train. Téléphone. Télévision. Voiture. Dormir. Drogue.


Parce que l’amour est une drogue qui vous fait tellement planer, que vous en oubliez la réalité et tous ses instants magiques, ces instants de vides et d’ennui qui vous entourent et vous oppressent tout doucement. Il vous fait fuir.
Le téléphone sonna tout d’un coup. Que faire ? Laisser le corps. Après tout, ce n’était qu’un accident. Tragique. Tu préfères la mélodie du sang qui s’écoule à celle des comédies que te jouent les acteurs absents de ce monde, qui ne savent plus où ils sont, qui fument leurs cigarettes comme pour trouver un raccourci vers la sortie, qui foncent dans leur voiture car il n’y a qu’en voyant défiler le paysage à toute vitesse qu’ils ont l’impression de sortir de leur film. Contempler le corps. C’est l’instant que tu préfères. Les morts sont tellement vivants. Ils sont ceux qui savent se marier au silence. Ils s’y mèlent. Ils sont dans chaque vide. C’est pour ça que les vivants fuient le silence. Ils courent sans cesse. Ils passent leur vie à courir pour fuir la mort. Ils fuient le vide pour fuir cette présence que l’on sent quand on s’arrête de penser, cette conscience de soi et… D’autre chose. Maintenant, elle dort. Un sommeil digne des princesses que l’on croise au coin d’un livre. Elle était la plus belle.
Après tout, ce n’était qu’un accident. Elle voulait fuir, elle aussi. J’ai déjà le billet de train, avait-elle dit. On ne fuit pas sans toi. On ne te fuit pas. On ne fuit pas. Alors, tu l’as tuée. Tu lui as offert cette félicité éternelle qu’elle recherchait sans le savoir, comme chaque être sur cette Terre. Dorénavant, elle pourra dormir à jamais, s’évader par des rêves bleus comme ses yeux qui se sont fermés pour toujours, ses yeux que tu ne verras plus. Mais tu la rejoindras, un jour. Tu rejoindras tout ceux à qui, comme elle, tu as fait ce cadeau. Ils sont tellement nombreux. Mais ça attendra, il en faut encore davantage, ils en ont tellement besoin au fond d’eux. De cette liberté. Il ne faut plus qu’ils fuient, et tout dépend de ta volonté. Elle, tu l’aimais particulièrement. Il est trop tard pour lui avouer.
Mais ce n’était qu’un accident. Tu te persuades, comme toujours. Elle t’a poussé à le faire en te laissant succomber à l’amour, à la fuite. Tu te l’interdis. C’est la première fois que tu as une aussi bonne raison. Mais cela ne change pas grand chose. Oublier. Et recommencer.


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