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[Angem]
Angem Assise en tailleur, elle alluma les bougies disposées en étoile autour d’elle. Ses mains tremblaient légèrement, mais ses gestes étaient assurés. Elle récita l’incantation d’une voix douce et sûre. L’effet fut instantané. Des flammes dansèrent autour d’elle, volant, tournoyant. Elle regardait, émerveillée. Le rouge teinté d’orange des flammes se mua en bleu, puis en noir. Les ombres se reflétaient sur les murs, créant mille créatures merveilleuses. Une explosion retentit. Le silence s’installa. Elle entendait tout autour d’elle divers chants, des oiseaux par dizaines entonnaient joyeusement leur hymne. Elle ouvrit péniblement les yeux. Une lumière l’assaillit presque aussitôt, et elle dû déposer ses doigts fins sur son visage pour ne pas être aveuglée. Elle prit le temps de s’habituer à l’environnement. Elle était assise dans une herbe fraîche d’une rosée du matin, entourée d’arbre fruitiers ou non, en fleurs pour la plupart, et de parterres multicolores où quelques papillons voletaient déjà allègrement. Les pépiements se mêlaient à une brise légère d’un vent chaud, agréable en ce début de matinée apparent. Elle se crut tout d’abord au paradis, voir, dans le jardin d’Eden, ou quelque chose du genre et eût un sourire narquois. Le paysage d’ensemble était en effet magnifique, on pouvait même apercevoir au loin quelque sommet de montagne, perdu dans de fins nuages blancs. Etonnamment, elle entendait aussi la mer. Oui la mer, qu’elle avait toujours adorée. Elle regarda paisiblement autour d’elle. N’apercevant personne, elle décida de suivre son instinct, qui la guidait droit à cet océan, qu’elle n’entrevoyait même pas pour le moment. Elle rejoint bientôt un étroit sentier de terre. Elle marcha quelques heures durant encore, avant de parvenir au but qu’elle s’était fixée. Au détour d’un virage, elle l’aperçu enfin. La fatigue qui commençait à prendre possession d’elle s’envola, et elle courut aussi vite qu’elle le pouvait, légère et gracieuse, assortie à l’environnement en fait. Elle atteignit une plage de sable blanc et fin, aussi parfaite que le reste qui l’entourait. Elle s’approcha de l’océan, en pleine torpeur, bercée par la mélodie des vagues. Un soleil rouge vif descendait à l’horizon, donnant une teinte de sang au ciel où quelques étoiles commençaient à apparaître timidement. Cette vision la sortit de sa torpeur, incrédule. Elle n’était pas là pour ça, elle n’avait pas de temps à perdre. Quelle entité avait pû la pousser, elle, à cette escapade digne d’un ange ? Furieuse, elle revint vers les terres. Puis se ravisa. Elle semblait hésiter. Après tout, n’était-elle pas le meilleur exemple que rien n’arrive jamais par hasard ? Elle s’allongea sur le sable, à l’orée de la forêt, de ses oiseaux et ses fleurs enchanteresses, et attendit. Elle n’eût pas à patienter longtemps. Ce qu’elle attendait se produisit bientôt. A vrai dire, dès que le soleil eût totalement disparu, et que la nuit eût envahit le ciel immense, éclairée uniquement par une lune qu’elle n’avait jamais vu aussi pâle et parfaite dans ses rondeurs. Le ciel ne laissait rien présager cependant, un terrible orage se déclencha. Pluie, foudre, tonnerre et éclairs étaient au rendez-vous. Mais rien ne semblait l’atteindre, ni même l’impressionnée. Elle attendait toujours paisiblement sur sa plage. La pluie cessa. Enfin, elle se leva doucement, et s’avança de nouveau au bord de l’océan. Cette fois, lorsqu’elle leva le nez sur l’horizon, entre deux éclairs, elle aperçu au loin des rochers gigantesques, d’une hauteur démesurée, mais auxquels elle ne pouvait donner de taille, pour cause, l’éloignement. Elle vit aussi un château. Un immense château perché au sommet, éclairé uniquement de quelques torches, qui mettaient en valeur un chemin qui menait lui-même on ne sait où. Tout était noir, sombre, ténébreux. Elle vit aussi un navire, énorme lui aussi, du même genre, qui se dirigeait droit sur elle. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Elle l’avait trouvé… Lorsque le navire fût assez proche du rivage pour lever l’encre, une plus petite embarcation s’en détacha, et vînt à elle. Celle-ci semblait naviguer sans l’aide de quiconque, comme si elle connaissait d’avance son parcours à suivre. Elle s’arrêta, puis, une fois sa passagère à son bord, repartit dans l’autre sens, glissant toujours sur les flots qui s’étaient calmés suite à l’arrêt de la pluie. Vu de près, le navire semblait encore plus immense, certes, mais encore plus désert… car oui, elle ne vit aucun membre d’équipage. Telle la barque, ce bateau connaissait lui aussi son chemin, et l’emporta sur l’océan, bravant chaque souffle de vent et chaque vague. Pendant le trajet, elle ne resta pas inactive. Elle observait. Elle réfléchissait. Ces ombres n’étaient pas le fruit de son imagination, et il n’y avait pas uniquement de la magie là-dessous. Il ne devait pas être loin, lui seul pouvait les contrôler. Elle s’en accommoderait sans problème malgré tout, elle n’aurait pas fait ce voyage sans connaître les risques, quelle que soit leur origine. Elle se détendit, et se retourna vers l’extrémité du navire, de façon à être aux premières loges à l’arrivée. Le vent fouettait tendrement son visage, se glissait sur ses moindres parcelles de peau… elle commençait à apprécier la sensation lorsqu’il arrivèrent à bon port. Elle descendit de toute la majesté dont elle était capable. Deux chevaux l’attendaient, si on pouvait encore appeler cela des chevaux : les bêtes étaient à peu près deux fois plus grandes qu’un cheval de taille moyenne, leur pelage d’un noir de jais, et leurs yeux d’un rouge sang ainsi que leur musculature bien nette leur donnaient une allure ténébreuse, à en faire peur peut être, surtout quand ceux-ci se mettaient à trépigner d’impatience. Mais décidément, rien ne pouvait l’impressionner. Elle s’approcha d’une des bêtes, en se demandant tout d’un coup pour qui était la seconde. Sa réponse ne tarda pas, un homme d’allure relativement imposante descendit à son tour, derrière elle. Une force assez négative émanait de lui, agréable, comme la caresse d’une flamme sans la morsure de la chaleur. Elle avait donc vu juste, il était effectivement à bord. La cape immense qu’il portait masquait tout de son apparence, sauf sa silhouette. D’un autre côté, elle expliquait aussi qu’elle ne l’ai pas vu plus tôt, sans doute était-il rester dans une cabine s’il avait facilement froid, ce qui était fort probable, vu son origine… Ce n’était pas son cas à elle : la preuve, elle n’était vêtue que d’une simple cape, certes longue, mais sur une de ses longues robes, de couleur unique : le noir qu’elle adorait et qui lui allait à ravir. Elle n’avait ni trop chaud, ni trop froid. Rien ne pouvait la gêner en cet instant à vrai dire. Elle chevaucha son cheval, lui aussi, et ils se mirent en route le long du chemin parcouru de flambeaux de chaque côté. Elle appréciait autant cette cavalcade que la traversée, et aimait beaucoup cette sensation de vent qui sifflait à ses oreilles. Elle s’emplie d’une allégresse qui ne lui était pas connue. Rare étaient ces brefs instants où elle se sentait encore capable d’éprouver un quelconque sentiment, une minuscule sensation qui ne soit pas de la haine. Elle ne se laissa pas aller, elle ne devait pas, pas en public tout du moins… Elle talonna sa monture, histoire d’arriver plus rapidement, et entendit son partenaire faire de même, sans doute pour ne pas se laisser distancer. Ils passèrent à grande vitesse près d’un cimetière lugubre, d’un lac tout en longueur, d’une immense forêt aussi. « Accueillant.» pensa-t-elle. Il lui semblait étrange de parcourir tous ces éléments en si peu de temps. Elle n’avait pas distingué tout cela depuis le bateau qui plus est, ce qui l’intrigua plus encore étant donné qu’elle ne se souvenait de rien, même si elle ne laissa rien paraître. Enfin, ils atteignirent les grilles du manoir. Ces dernières grincèrent en s’ouvrant lentement pour les laisser passer. Elle avait sa propre personnalité, assez forte, pour les circonstances. Il n’en restait pas moins que ce château était terrifiant, bercé de ténèbres, emplis d’ombres par milliers, éclairé uniquement par la lune, les derniers éclairs, et l’unique flambeau situé sur le seuil d’une immense porte en chêne. Mis à part le vent et les quelques créatures nocturnes qui pouvaient traîner, le silence était au rendez-vous. Elle grimpa les quelques marches de pierres qui la séparaient de l’entrée, toujours suivie par son compagnon. Ce dernier s’avança avant elle pour frapper, mais il n’eût pas le temps, les portes s’ouvrirent sans un bruit. Elle hésitait avant d’entrer. Une fois à l’intérieur, elle ne pourrait sans doute plus reculer contre le grès du Maître : il avait si mauvais caractère en ce qui la concernait… De plus, il aurait dû y avoir une pièce, au moins une pièce éclairée, mais non, rien. Juste de l’ombre, toujours de l’ombre. Son accompagnateur n’afficha aucune surprise, et entra, alors, elle lui emboîta le pas, estimant que les risques devaient être les mêmes pour lui d’après sa place. Dès qu’elle fût entrée, le monde sembla basculer. Il n’y avait ni haut, ni bas, ni lumière, ni bruit, ni sol, ni plafond, rien. Il lui sembla juste être prise dans une grande spirale pendant une dizaine de secondes. Quand enfin tout cessa, lui laissant un vague goût de vertige, la pièce s’était enfin matérialisée. Elle était immense, c’est le moins que l’on puisse dire : très haute de plafond, grande en surface, elle devait être faite pour impressionner. On aurait pû penser à un salon, version démesurée : une grande cheminée régnait au milieu du plus grand mur, opposée à la porte. De chaque côté, des livres par milliers, disposés sur des étagères renfoncées dans les murs, jusqu’au plafond. Une table rectangulaire était disposée au centre de la pièce, avec uniquement quatre chaises, ce qui était relativement disproportionné : elle devait être prévue pour au moins 12 personnes… Aux deux extrémités, il y avait des fenêtres gigantesques elles aussi qui éclairaient l’ensemble de la pièce. On pouvait distinguer la mer, la nuit noire avec son ciel étoilé et sa pleine lune, toujours. Un paysage fantastique en l’occurrence. Le reste de la pièce était pour ainsi dire, vide : seules quelques voileries et teintures décoraient le dernier mur, rien d’autre, pas même un tapis sur le sol de marbre. Une personne se tenait debout devant le feu, dos à eux, les mains jointes sur le bas des reins. « Je vous souhaite la bienvenue. » C’était une voix féminine. Féminine, à l’intonation assez mystique à vrai dire. La silhouette se retourna en enlevant son capuchon vers ses visiteurs qui purent la découvrir à loisir. Bien que plus toute jeune, c’était une femme magnifique, sans hésitation : grande, la taille fine et gracieuse, des cheveux blonds et raides qui tombaient en cascade sur sa nuque, un visage agréable à regarder même marqué quelque peu par le temps. « Et si tu en venais au fait rapidement ? Je n’aimerais pas manquer quelque chose, tu comprends ? » lança la jeune fille avec ironie et désinvolture en se dirigeant vers l’une des bibliothèques. Son interlocutrice la regarda posément, mais n’en fit rien et poursuivit : « - Vous venez tous deux d’une des extrémités D’Andréa. Toi, Satan, du Sud, où tu accomplies chaque jour des miracles pour nous plus qu’efficacement. Nous t’en sommes reconnaissant, tu seras bien récompensé. Poursuis dans ce sens, et tes terres et victimes s’élargiront, je te le promets. Quant à toi Angem… ton monde Nordique pars à la dérive. Pourquoi n’utilises-tu pas davantage tes pouvoirs ? Pourquoi ne te montres-tu pas pour régner ? Tu étais censée en faire un paradis, pas un chaos ! Je veux des explications, pour ça, et pour ton attitude… » Angem sentit sur elle le regard fixe, insistant et chargé d’éclairs de sa mère. Elle le soutint tandis que le dénommé Satan inclinait la tête légèrement pour montrer qu’il avait compris, tout aussi silencieusement qu’elle. « Oui, comme d’habitude, tu ne fourniras pas d’excuse. Tu es tellement têtue ! » La femme soupira, mais ne s’abattit pas sur elle-même. Sa fille avait toujours été ainsi, elle n’avait jamais aimé l’être humain. Sa haine envers lui en général dépassait même celle qu’éprouvait Satan. Pourquoi son père l’avait il nommé en Déesse du Nord ? Personne ne le savait, encore moins elle-même. « Satan, tu peux disposer, une chambre t’attend, Herru va t’y conduire. Angem… reste encore un peu, il faut que nous parlions. » L’homme sortit par la même porte que celle d’entrée, où, en effet, Angem pût entrapercevoir le jeune majordome entre les deux battants en se retournant. Une fois la porte refermée sur lui, elle s’avança jusqu’aux flammes du feu qui ronronnait toujours dans la cheminée. Elle le caressa de sa main, comme elle caresserait la peau d’un amant… Pourquoi pas elle ? Sa mère s’approcha doucement dans son dos. « Ecoute. Je sais que tu ressens une haine profonde envers ta population, envers ton père parce qu’il t’a confié le Nord plutôt que le Sud, je sais que tu voudrais en faire un second enfer pour te venger et donc que tu ne fais pertinemment rien pour accomplir la tache qui t’a été confiée. Ton père et moi sommes beaucoup occupés ici, surtout depuis que tu te mets à changer plus rapidement qu’il ne le faudrait l’amour en haine. Des tueries impossibles à imaginer éclatent, et je sais que tu en es l’origine principale, je ne pourrais pas le cacher très longtemps à ton père tu sais très bien qu’il sait toujours tout… J’aimerais que tu y remédies rapidement, car il trouvera le moyen de te punir. Un siècle de lumière te conviendrait-il…? » La jeune fille se retourna brusquement. Elle était enragée car elle détestait tout ce qui avait rapport avec le bonheur, la chance, l’amour, la lumière, le Bien, le paradis. Elle prit la parole, hors d’elle : « - Il n’oserait pas ! Et, de plus, vous savez très bien que je ne peux pas intervenir dans tout une fois que la machine est lancée. L’être humain a déclenché un cercle… un gouffre sans fond dans sa démence. Je n’ai fait qu’accéléré le processus, sans rien arranger, c’est tout. Ce n’est pas ma faute si ces abrutis n’apprennent rien de leur passé ! - Ne t’énerve pas comme ça, ça n’en vaut pas la peine… la colère ne mènera à rien. Il faut que tu leurs montres des raisons de vivre, leur moral chute chaque jour un peu plus. Leur société est des plus désorganisées et ils s’autodétruisent. Aide les, ou alors, déclenche quelque chose qui ramènera tout à zéro. Utilise tes dons, ou bats toi avec leurs propres armes, mais agis, et tu ne seras pas en tort si les choses ne se passent pas comme prévu. - Je sais… mais je ne le ferais pas. Pourquoi je suis la seule à ne pas savoir quand et comment ça finira ? Est-ce parce que vous me jugez incapable d’assumer ?! Tu sais très bien que je le suis, j’ai juste mes propres visions… - Le fait que tu le saches n’est pas écrit, alors tu ne le sauras pas. Si tu t’obstines, tu n’y gagneras qu’une punition plus lourde que ce que tu imagines. Je t’aurais prévenue. Maintenant, va te reposer… et réfléchis-y à deux fois avant d’agir la prochaine fois. » La jeune fille la salua lentement de la tête et se dirigea vers la porte à son tour. Celle-ci s’ouvrit pour la laisser passer. Cette fois-ci, ce n’était pas du vide qui se trouvait derrière, mais une sorte de grand hall plus éclairé que le petit salon qu’elle venait de quitter, où il n’y avait qu’un grand escalier, et de nombreuses portes donnant sur d’autres pièces de la maison. Elle prit l’escalier, qu’elle monta rapidement : elle connaissait le chemin par cœur. Arrivée à un palier, elle prit à gauche pour accéder à encore un autre escalier, plus étroit, et arriva enfin à un sombre couloir aux portes multiples lui aussi. Elle avança, et entra dans la septième pièce à droite. Angem referma la porte derrière elle. Elle aurait souhaité s’affaler sur le grand lit à baldaquin de son enfance, mais elle savait qu’elle était surveillée, et ne laissa aucun signe de faiblesse transparaître. A la place, elle redécouvrit les moindres recoins de sa chambre. Elle passa doucement ses doigts sur chaque meuble de la pièce, la commode, l’armoire, la bibliothèque, et le bureau. Elle sentit la nostalgie du passé pointer le bout de son nez, et se ressaisit. Pas ici. Il fallait qu’elle bouge, où elle finirait par étouffer. Elle ressortit sans faire de bruit. Elle reprit le même chemin que celui qu’elle avait empreinté pour venir à savoir le couloir aux murs vides et sombres et se dirigea, toujours silencieusement, vers l’escalier. A peine le pied posé sur la première marche, qu’elle s’arrêta. Et si… elle se retourna. Elle avait bien vu. Il était là, appuyé nonchalamment contre le mur. Ne quittait-il donc jamais sa cape ? La température était pourtant idéale. Elle regrettait de ne pas pouvoir user de quelques pouvoirs sur lui, ç’aurait été très utile, et lui aurait évité bien des manœuvres. Elle l’interrogea donc sur sa présence. « - Que faites vous là ? - La même chose que vous. - Comment pouvez vous savoir ce que je fais ici ? poursuivit elle, toujours impassible. Il ne devait pas avoir le dessus sur elle, comment l’en empêcher ? C’était Satan après tout. - Il me semble logique qu’une maison aussi grande soit-elle, où tant de forces existent, puisse troubler toutes ces forces, en l’occurrence nous, opposés, lorsque celles-ci cohabitent. - En effet, c’est probable, mais cela ne m’atteint nullement. » Elle mentait. En réalité, elle éprouvait vraiment ce trouble. Tant de pouvoirs à sa merci… Elle crut l’entendre sourire et le regarda en se demandant à quoi il ressemblait. Son intrigue devait sembler flagrante, car il s‘avança vers elle. Il était déjà bien plus grand qu’elle habituellement, elle ne supporta pas de se voir encore rabaissée davantage. Ces techniques pour s’imposer étaient très pratiquées chez ses sujets, elle connaissait bien le domaine, et allait remonter lorsqu’elle s’étonna de le voir descendre de son plein gré, puis se retourner avant de lui demander de se joindre à lui pour se balader dans le manoir. Elle allait de surprise en surprise décidément… drôle de personnage ce Satan. Elle hésita avant d’accepter, mais se promit de faire attention à tous les détails : apprendre sur son ennemi pouvait s’avérer utile, mais il fallait aussi qu’elle évite de trop en dire sur elle-même et ses intentions. Ils descendirent en prenant leur temps. Le silence fût maître jusqu’au palier où il s’arrêta. Il se tourna vers elle et demanda : « - Qu’est ce qui vous attire tant dans l’Enfer au point que vous voudriez supprimer le paradis à son profit ? « Aïe. A peine commencé qu’il la mettait déjà en difficulté. Ne sachant quoi répondre, elle opta pour la solution de facilité : - En quoi cela vous concerne-t-il ? - J’aimerais simplement connaître vos motivations, et étant donné que je possède les Enfers, je… - Je sais que vous possédez les Enfers, il n’est pas nécessaire de me le rappeler. J’ai mes motivations et mes raisons qui ne vous concernent pas. Sachez simplement que l’être humain est trop répugnant pour mériter son paradis, et donc, qu’il n’y aura pas le droit. » Elle jugea préférable de partir avant que le tout ne s’envenime, et fit demi-tour, mais il la retint par le bras. Rapide. - Vous ne savez pas ce que c’est. N’importe qui de censé qui y a goûté n’en ressort jamais, pourtant c’est son plus grand rêve, celui qui le ronge et le brûle éternellement. Ne jouez pas avec le feu. Faites ce que l’on vous demande, ça sera déjà bien suffisant. - Lâchez moi. » Le ton était sans réplique, froid, pourtant, son bras brûlait. Il la relâcha et dirigea sa main lentement à proximité de son visage. Elle le vit s’arrêter à quelques centimètres d’elle. Elle sentait à travers lui une douce chaleur. Sa main esquissa une caresse, mais sans la toucher, ni même la frôler, juste assez pour qu’elle sente les flammes s’insinuer en elle… Il sourit en la voyant céder si facilement, et se retira brusquement. Un froid glacial sembla tomber sur les épaules d’Angem. Elle se souvint de sa place et le regarda, avant de repartir précipitamment vers son point de départ. Une fois qu’elle se fût éclipsée, Satan contempla sa main et se la porta au visage pour sentir les derniers frissons de pureté et de fraîcheur qu’elle avait laissés. Elle s’allongea et s’endormit aussitôt dans sa chambre où les ombres couraient sur les murs.
[Ecrit par mondaye] [Mardi 14 Septembre 2004, 19:13] [L'éternité du passé] [Nids douillets] [L'éphémère du futur]
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